lundi 9 juin 2008

Demande de cockpiston

Oui, c'est pas bien de réclamer... Mais là on peut en quelque sorte s'affranchir de cette règle de politesse, parce que dans le monde aéronautique, tout se partage. Pour ceux qui ne connaisse pas cette ambiance, allez pousser, un bon dimanche, la porte d'un aéroclub, et je pense que vous serez convaincus.

Je suis allé à La Réunion en Mars 2008, je suis parti avec Air France, et un vol avec Air France sans demande de cockpiston est un peu un vol raté.

« AF680 Bonjour alignez-vous piste 24 autorisé décollage vent 200 degrés 10 nœuds ».
Quelques heures plus tard :
« Mesdames, Messieurs, bienvenue à la Réunion, il est 06h30, la température est de 32°C et la journée s’annonce ensoleillée, nous vous souhaitons un agréable séjour et espérons que vous avez pris autant de plaisir que nous durant ce vol ».

Je m’y vois déjà, et pour cause, j’ai eu l’occasion de faire une rotation en cockpit sur A330, c’était en aôut 2007 sur la ligne Paris-Newark, un super souvenir. C’était ma première entrée dans un cockpit d’avion de ligne, tout simplement une merveille. L’ambiance entre tous les membres de l’équipage est unique, les briefings avant embarquement jusqu’à l’ultime briefing avant de décoller s’enchaînent rapidement. Il règne alors dans l’avion une atmosphère de concentration, mais aussi de décontraction, une relation presque amicale entre le commandant de bord et le copilote, certainement utile pour être en parfaite coordination en cas de problème. La mise en puissance est un moment merveilleux, vient ensuite la rotation, la roulette de nez est bien dans les airs alors que l’on sent encore les vibrations, oui car le train principal lui, est toujours au sol, c’est une des choses qui m’a beaucoup impressionné, parce qu’en C152, ça va plus vite. Le même émerveillement quelques heures plus tard avec l’arrivée sur New York, là il n’y a plus de mots, on est déjà dans un rêve parce qu’on est dans un cockpit, mais en plus, si on regarde dehors, on voit tous les buildings des séries américaines, oui oui, on y est. L’intégration dans un trafic chargé, après 7 heures de calme au dessus de l’Atlantique, nécessite d’être bien réveillé pour tout comprendre. Environ 24h plus tard, c’est le retour, toujours les mêmes impressions, une arrivée sur CDG au petit matin dans un CAVOK parfait au dessus de la plate-forme, mais on voit beaucoup de nappes de brouillard autour, et c’est certainement du ciel que l’on s’aperçoit que ce phénomène est très local. Ces trois jours seront passés très vite, ils étaient pleins de surprises (notamment une aurore boréale au retour, dont je n’ai pas raté une miette, parce que dormir dans un avion lorsque l’on a l’occasion de passer le vol dans le cockpit est un crime, mais si ce vol est long.
Dans peu de temps, je pars à La Réunion, j’aimerais revivre cette expérience, et elle sera sans doute un peu différente, tout d’abord au dessus des terres (les photos de l’Afrique de Susana rendent quelque peu curieux, ça me dirait bien de voir ça en vrai), en B777, un avion que je voudrais découvrir un peu, et aussi un autre équipage, parce que discuter avec l’équipage d’un avion, c’est toujours super intéressant et super enrichissant, on apprend énormément de choses.

En remerciant d’avance les personnes qui pourront me faciliter le contact avec l’équipage, je donne toutes les informations nécessaires, en espérant que ça marche …

Vols :

AF680 Orly - La Réunion le 12 Mars 2008 dep : 21h arr : 10h45
AF679 La Réunion – Orly le 18 Mars 2008 dep : 22h arr : 06h25

Passager :

Romain BETTENENT, 17 ans, BB théorique en route vers la pratique, espère être pilote de ligne plus tard
AC : UPCF (Union des pilotes civils de France)
AD : Meaux (LFPE)


Ca n'a rien donné à l'allé, donc j'ai forcé un peu sur le retour, en faisant passer un petit message au Commandant de bord, mais pas n'importe quel message, un message qui marque. Le mien avait été rédigé au dos d'une météo imprimée depuis... la tour de contrôle de Pierrefonds, avec l'aide de Jean-Pierre, original non ?

Ainsi, j'ai pu faire le décollage de La Réunion en poste, jusqu'à la croisière et les multiples tentatives de contact avec le contrôle africain... Et une arrivée, toujours en poste, sur Orly alors qu'il faisait encore nuit...

dimanche 8 juin 2008

Tours de piste en DA-40

C'est en revenant d'un beau tour de Paris (de la classe A biensûr !), avec un arrêt sur Toussus pour passer le bonjour à Noël et admirer ce bel aérodrome, que mon instructeur me propose un petit tour en DA-40. Si par bonheur cette situation vous arrive, que ce soit de la part d'un instructeur ou de quelqu'un d'autre, surtout ne paniquez pas, et courrez rapidement chercher un casque (radio je parle...), c'est tellement dommage de laisser une place libre dans un avion...

C'est en fait un vol d'instruction, et je suis simplement passager, installé confortablement à l'arrière de l'avion. Au programme : tours de piste standards, basses hauteurs, encadrements et PTU.

donc c'est parti pour le roulage, voici la tour de Meaux :




Un avion au décollage, qui fera un arrêt décollage, dû à un problème moteur, sage décision, et certainement pas facile à prendre en plein décollage :





Les 16 sont en service, on aperçoit donc sur notre gauche, dans la montée initiale, le viaduc (bon repère pour ceux qui ne connaisent pas le terrain), et au loin la ville de Meaux :






Nous voilà maintenant en début de vent arrière, au-dessus du viaduc, avec le terrain sur notre gauche :





En milieu de vent arrière, la ville de Meaux à droite :





Le terrain à gauche (ouf ! on n'est pas perdu):





On fait ensuite un touché, suivi d'un virage par la droite pour une verticale et un encadrement :




Après ça nous nous retrouvons en vent traversier :



Et un touché en 16L :

Un tour de piste standard suivi d'un touché, puis un basse hauteur (300 ft sol) ...

... La fin du basse hauteur :

Et le bouquet final : un beau passage bas


Une rotation un peu spéciale...

On est jeudi matin, je suis à la brocante de Coulommiers quand le planning m’appelle, c’est Sébastien au bout du fil, il m’annonce qu’on a un avion de la flotte en panne, pour assurer une rotation sur Le Touquet, il doit déplacer mon départ de 15h30 initialement à 17h, on a vu pire, et puis le propre du pilote n’est-il pas de s’adapter à toute situation ?

Le lendemain, j’arrive assez tôt à la salle de préparation pour préparer le vol, la météo a déjà été tirée, et on n’a pas de soucis à se faire pour notre route.
Notre avion, de retour du Touquet donc, arrive vers 16h30, le temps de débarquer les passagers et d’installer les nôtres, de faire un petit tour de l’avion, d’écouler les checklists prévol, on met finalement en route à 17h15, et c’est parti pour un roulage vers la 16R, le trafic est plutôt calme mais ça risque de s’accélérer dans moins d’une heure, embouteillages des sorties de travail oblige !

Et c’est parti pour le décollage, puissance disponible, badin actif, rotation, et ça grimpe, ça grimpe bien même, les passagers sont peu nombreux. La procédure de départ nous fait prendre une route sud-est juste après le décollage, parfait, c’est par là-bas qu’on va !
Et voilà, on est rapidement en croisière, la dérive est légère et on a un cap 169° avec le vent d’aujourd’hui et en parlant de croiser, on en a croisé un de près, un avion, ça c’est la magie du RVSM.

La procédure d’arrivée nous fait passer par une verticale terrain, on se croirait à l’aéroclub, le vent est calme et plein travers, on prendra la préférentiel, la 05.

Le temps d’escale est très court, on repart aussitôt avec un départ cette fois un peu moins marrant, un cap 080° juste après le décollage, pour éviter les agglomérations, mais nous on va au nord !

On entend un avion que l’on retrouvera à destination, il vient certainement d’un peu plus loin mais on va au même endroit, on l’aura gardé en vue jusqu’à la fin.

Les 16 sont toujours en service, on se retrouve donc dans une sorte de vent arrière, un peu comme à Charles-de-Gaulle en approche OMAKO – MOSUD pour les 08, ou bien BALOD – DOMUS pour les 26, on fait un bel atterrissage avec pas mal d’oiseaux autour, puis on débarque tout le monde.

La rotation aura finalement duré 51 minutes, assez cours me direz-vous, mais en même temps c’était ma première nav solo, au départ de Meaux et à destination de Nangis, alors on va ya aller tranquillement…

Romain, qui devrait passer rapidement sur long-courrier…

Le Brevet de base

«- bon ba je crois que ça va le faire, ça va le faire pour le brevet de base
- c’est vrai ?
- bah oui »


Ce matin, 9h à l’aéroclub, un temps pas vraiment volable sur l’Est parisien, l’aérodrome de Meaux se lève, un tracteur annonce sur 120.15 qu’il traverse les 16/34 alors que le contrôleur qui vient d’arriver le salue. A l’UPCF (Union des pilotes civils de France), on ne volera probablement pas aujourd’hui, mais on va se consoler en faisant un beau briefing météo, comme si on faisait un Meaux-Troyes. La carte TEMSI annonce des cumulonimbus dont la base est entre 1500ft et 3000ft, des nuages bas qui descendent même à 500ft. La carte des vents annonce un vent du nord pour 25kts à 2000ft, et les METAR de la région ne sont pas très optimistes pour cette journée, grésil, orage, et grêle un peu plus au sud sont prévus, ça va pas le faire alors, si on avait à faire un Meaux-Troyes, on resterait Meaux. Mais même pour un local, ça ne va pas vraiment le faire, on voit les cunimb passer, puis repasser, on n’y croit pas. Alors je rentre chez moi, ça fait déjà pas mal de vol annulé avec cette météo, mais mon instructeur me dit qu’un créneau vient de se dégager à 14h, au cas où …

13h35, ça a l’air de se dégager, alors j’appelle mon instructeur :

« - Tu crois que ça va le faire pour 14h ?
- On peut essayer
- D’accord j’arrive »

Mais sur la route, on voit bien qu’une de ces grosses bêtes noires pas vraiment aimées du monde aéronautique s’approche par le nord, et le temps que j’arrive à l’aérodrome, il est trop tard, ça va pas le faire. Mon instructeur revient de la pompe à essence et me dit que même sur le taxiway, il avait du mal à tenir l’avion avec les grosses rafales de vent, bon bah d’accord, c’est encore raté. Une navigation devait avoir lieu pour Troyes dans l’après-midi avec un élève pilote (malin l’instructeur, il fait étudier la météo de cette nav le matin par un autre élève…) mais finalement ça sera annulé, donc on a toute l’après-midi pour regarder défiler les cumulonimbus, et c’est ce qu’on fera, mais vers 16h, ça se dégage bien, alors on y va, ça sera Coulommiers.

« - Allez Romain tu me le mets en route sans checklist »

Puis on part pour la 34R

« -Allez Romain tu me fais les essais moteur sans la checklist »

Le moteur ronronne comme il faut

« - Romain, c’est quoi la vitesse de Pente max ?
- 60kts
- Ok, tu prendras quoi en approche aujourd’hui ?
- 70 à 75kts avec le vent qu’il y a !
- D’accord donc on fera une montée à pente max, le briefing départ ?
- On part dans le tour de piste standard, en montée vers 1500ft QNH, puis on abandonnera la vent arrière pour allez rejoindre Coulommiers
- D’accord, en cas de panne ?
- Avant 55kts, on s’arrête sur la piste, après 55kts, on décolle de toute façon, panne mineure on fait un tour de piste et on se repose, panne majeure on se pose dans un champ, pas de virage à plus de 30° de l’axe de piste
- Ok, on y va
- F JK point d’arrêt 34R on est prêt
- F JK alignez-vous 34R autorisé décollage vent du nord 20 à 25kts
- Autorisé décollage 34R F JK »

On arrive ensuite sur Coulommiers, il n’y a personne, on fait une verticale, puis on prendra la 09, de toute façon le vent est plein nord. On sent une très bonne dérive en vent arrière, la base est très rapide et hop, j’overshoot, je reviens sur l’axe, encore une belle dérive et la piste de 20m de large devant parait bien plus petite que les 100m de Meaux, mais bon on continue, et en courte, ça va pas le faire :

« - Remise des gaz »

Prévue à l’avance biensur, car on est certainement au-dessus des 12kts vent de travers, limite d’atterrissage pour notre C152, et puis ça ne sert à rien de prendre des risques.

On monte vers 3000ft, trois décrochages puis une panne moteur (à 3000ft, on a le temps de regarder le paysage, parce que d’habitude on les fait à 1500ft, limite de plafond sur Meaux). J’aperçois un champ accueillant, mais une ligne électrique le traverse, donc j’en prends un autre, et mon encadrement n’est pas trop mal, ça l’aurait fait.

Retour sur Meaux avec une semi-directe 34R, et en finale

« -F JK en finale 34R pour un complet
- F JK autorisé atterrissage 34R vent 360° 35kts
- Autorisé atterrissage 34R F JK »

Oula, c’est un Marseillais le contrôleur ? Ah peut-être pas, la manche à air est bien droite ! Mais ça va le faire.

Et là on bat tous les records en distance d’atterrissage, en courte, on avait l’impression de ne plus avancer, et à peine posé on est presque arrêté, impressionnant !

« -Bon tu roules doucement, le vol n’est pas terminé »

Et une fois au parking :

«- bon bah je crois que ça va le faire, ça va le faire pour le brevet de base
- c’est vrai ?
- bah oui »


Voilà, une journée bien remplie, forte en émotion, heureusement que je suis en vacances.
Demain, 9h à l’aéroclub pour un vol sur Lognes, un aérodrome que je vois souvent de la route mais où je n’ai jamais volé, on évitera le Champagne au petit déjeuner.

Romain, 17 ans, en avant ! Ca va le faire …